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Woody Allen a dit : « Je ne sais pas quelle est la question, mais je vais vous donner la réponse : c'est le sexe ! »

Woody Allen est très freudien, la « cause » de la névrose, c'est le sexe…

Nous savons depuis Freud, et mieux encore depuis Lacan, que la sexualité est irrémédiablement problématique et toujours traumatique chez le parlêtre.

Mais ce n'est pas sans humour que Lacan énonce son aphorisme « Il n'y a pas de rapport sexuel ». L'équivoque du mot rapport, le glissement de sens, produit de l'étonnement. Or, cette affirmation surprenante est utilisée pour énoncer une énorme vérité, une de celles dont on ne veut rien savoir. Car, « Il n'y a pas de rapport sexuel » veut dire qu'il n'y a pas de bon rapport du sujet à la sexualité, que dans ce domaine, il y a toujours trauma.

Jacques-Alain Miller affirme dans son cours « Cause et consentement » qu'il n'y a pas de rapport sexuel « est l'axiome des traumatismes ». Il condense en un énoncé ce trou indicible de ce qui ne va pas dans la sexualité, donnant ainsi la « formule synchronique du trauma »[1].

Nous avons pu constater, tout au long de ces journées qui se terminent, combien le comique, l'humour, le Witz, prennent appui sur les traumatismes, sur ce qui cloche, pour permettre au sujet de s'alléger du poids de ses souffrances en transformant le tragique en comique, et « avec du pire, faire du rire »[2].

L'humour fait souvent fond sur les conséquences de l'impossible rapport entre les sexes, sur ce qui ne s'accorde pas entre les hommes et les femmes.

La littérature et le cinéma ont maintes fois abordé cet inéluctable malentendu entre les sexes, soit dans sa version tragique, comme chez Ingmar Bergman, soit dans sa version comique comme chez Woody Allen. Ce sont différentes façons d'exploiter ce qui, du non-rapport sexuel, fait symptôme.

Et si Woody Allen disait que la réponse était le sexe, il disait tout aussi bien : « L'amour est la réponse, mais en attendant, le sexe soulève des bonnes questions. » Sans le savoir Woody Allen est aussi lacanien. Il introduit l'amour comme réponse générale, comme suppléance, pourrions-nous dire avec Lacan, à « ce qui d'aucune façon ne peut se dire, à savoir le rapport sexuel »[3].

Si vous vous êtes intéressés au thème du « Le comique dans la clinique », le Congrès de l'AMP sur « Il n'y a pas de rapport sexuel » devrait aussi vous passionner !

Il aura lieu du 30 avril au 3 mai, à Paris, à la Maison de la Mutualité ou par Zoom. Les inscriptions sont ouvertes… Il y a déjà un grand nombre d'inscrits, ne tardez pas à le faire vous aussi. Ne restez pas en dehors de ce grand événement de l'Association Mondiale de Psychanalyse.

Victoria Horne Reinoso
J55 ECF- présentation du Congrès AMP – 2026


[1] Miller J.-A., « L'orientation lacanienne. Cause et consentement », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l'université Paris VIII, cours du 13/01/1988, inédit.

[2] Miller J.-A., « Remarque sur la traversée du transfert », Comment finissent les analyses. Paradoxes de la passe, Paris, Navarin, 2022, p. 128

[3] Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1975, p.76.